Je n’étais rien alors qu’un pur esprit peut-être, une âme en partance dans le cœur étourdi d’un papillon voletant dans les fourrés de la forêt de Brocéliande, bercé par le chant amoureux de Viviane la Fay et de Merlin l’Enchanteur. Mais quel est ce remue-ménage-là, dans les fougères ? Ces deux-là ne font pas la chasse aux papillons ! Approchons-nous donc de ce bouillon d’ardeur ! ah ! mais si, ils chassent et voilà que mon âme de papillon est engloutie dans ce tourbillon d’amour fou. Je m’en souviens de mon cœur vu. C’est ainsi que je fus conçue et bénie de légende…

Et c’est ainsi que l’art m’emporta à travers les mondes

Mais c’est à Pont Aven que mes yeux ont compris la lumière sous le rayonnement du Christ Jaune de Gauguin de la chapelle du bois d’Amour. En fait j’ai commencé là l’enchaînement de mes naissances. C’était la seconde après l’originale, celle de Nice, où ma mère avait dû me laisser seule un temps je ne sais pour quelle raison. Il y aura pour moi de multiples naissances et encore d’autres à venir… je crois, ailleurs dans un autre monde peut-être, après avoir tant naviguée dans le samsara. Et pour reprendre la grande mystique Lalla, je peux dire « libre de forme dans ma nature profonde, combien de forme n’ai-je déployées… »